Au milieu du champ de bataille chevauche le comte Roland,
Sa Durendal au poing, qui bien tranche et bien taille,
Et fait grande tuerie des Sarrasins.
Ah ! si vous aviez vu Roland jeter un mort sur un autre mort,
Et le sang tout clair inonder le sol...
Tous les Français frappent, tous les Français massacrent.
Et les païens de mourir.....
Le comte Roland à grande peine, à grande angoisse
Et très-douloureusement sonne son olifant ;
De sa bouche jaillit le sang vermeil,
De son front la tempe est rompue ;
Mais de son cor le son alla si loin !
Roland, portant le corps d’Olivier, est revenu vers l’Archevêque.
Il a déposé tous les autres Pairs, en rang, aux genoux de Turpin.
L’Archevêque ne peut se tenir d’en pleurer.
Il élève la main, il leur donne sa bénédiction :
« Que Dieu le glorieux ait toutes vos âmes ;
« Qu’en Paradis il les mette en saintes fleurs !
« Ma propre mort me rend trop angoisseux :
« Plus ne verrai le grand empereur. »
Il est là gisant, le comte Roland.
Il a tendu à Dieu le gant de sa main droite :
Saint Gabriel l’a reçu.
Alors la tête de Roland s’est inclinée sur son bras,
Et il est allé mains jointes à sa fin.
Dieu lui envoie un de ses Anges chérubins
Et saint Michel du Péril.
L’âme du comte est emportée au Paradis.