Jus à ses piez si l’ad tresturnet mort ;
Après li dit : « Culvert païen, cum fus unkes si os
« Que me saisis ne à dreit ne à tort ?
« Ne l’orrat hume ne t’en tienget por fol.
« Fenduz en est mis olifans el’ gros ;
« Ça juz en est li cristals e li ors. »
Ço sent Rollanz la veüe a perdue :
Met sei sur piez, quanqu’il poet s’esvertuet.
... Sous un pin, près d’un églantier,
Est un fauteuil d’or massif.
C’est là qu’est assis le roi qui tient douce France.
Sa barbe est blanche, et son chef tout fleuri ;
Son corps est beau, et fière est sa contenance.
À celui qui le veut voir il n’est pas besoin de le montrer...
Les messagers païens descendent de leurs mules,
Et saluent Charles en tout bien, tout amour.
. . . . . . . . . L’archevêque Turpin
Pique son cheval et monte sur une colline.
Puis s’adresse aux Français et leur fait ce sermon :
« Seigneurs barons, Charles nous a laissés ici :
« C’est notre roi : notre devoir est de mourir pour lui.
« Chrétienté est en péril, maintenez-la...
« Or, battez votre coulpe, et demandez à Dieu merci.
« Pour guérir vos âmes je vais vous absoudre.
« Si vous mourez, vous serez tous martyrs ;
« Dans le grand Paradis vos places sont toutes prêtes. »
Français descendent de cheval, s’agenouillent à terre,
Et l’Archevêque les bénit de par Dieu :
« Pour votre pénitence, vous frapperez les païens. »