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LA CHANSON DE ROLAND

« — Qu’ai-je autre chose à faire ? » répond Basbrun.
Avec cent sergents il les emmène de force,
Et il y en a bientôt trente qui sont pendus.
Ainsi se perd le traître ; ainsi perd-il les autres.


CCXCV


Là-dessus, les Bavarois et les Allemands s’en vont,
Ainsi que les Poitevins, les Bretons et les Normands.
C’est l’avis de tous, c’est par-dessus tout l’avis des Français,
Que Ganelon meure d’un terrible et extraordinaire supplice.
Donc, on fait avancer quatre destriers ;
Puis, on lie les pieds et les mains du traître.
Rapides et sauvages sont les chevaux.
Devant eux sont quatre sergents qui les dirigent
Vers une jument là-bas, dans le milieu d’un champ.
Dieu ! quelle fin pour Ganelon !
Tous ses nerfs sont effroyablement tendus ;
Tous ses membres s’arrachent de son corps ;
Le sang clair ruisselle sur l’herbe verte...
Ganelon meurt en félon et en lâche.
Il ne faut pas que le traître puisse jamais se vanter de sa trahison.


CCXCVI


Quand l’Empereur a fait ses représailles,
Il appelle les évêques de France,
De Bavière et d’Allemagne :
« Dans ma maison, dit-il, il y a une prisonnière de noble race ;
« Elle a tant entendu de sermons et de bons exemples,
« Qu’elle veut croire en Dieu et demande chrétienté.
« Pour que Dieu ait son âme, baptisez-la.
« — Volontiers, répondent les évêques ; donnez-lui pour marraines