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LA CHANSON DE ROLAND

Dans la quatrième on voit encore des Persans avec des Pincenois ;
La cinquième est formée de Solterais et d’Avares ;
La sixième, d’Ormaleus et d’Eugiez ;
La septième, de la gent Samuel ;
Les hommes de Brousse composent la huitième, et les Esclavons la neuvième.
Quant à la dixième, on y voit la gent d’Occiant la déserte :
C’est une race qui ne sert pas le Seigneur Dieu,
Et vous n’entendrez jamais parler d’hommes plus félons.
Leur cuir est dur comme du fer ;
Pas n’ont besoin de heaume ni de haubert ;
En la bataille, rien n’égale leur férocité et leur acharnement.


CCXXXIX


L’Émir lui-même a formé dix autres corps d’armée.
Dans le premier il a mis les géants de Malprose ;
Dans le second les Huns, et dans le troisième les Hongrois ;
Dans le quatrième, les gens de Baldise-la-Longue,
Et dans le cinquième, ceux de Val-Peineuse ;
Dans le sixième, ceux de Joie et de Maruse,
Dans le septième sont les Leus et les Thraces.
Les hommes d’Argoilles composent le huitième, et ceux de Clairbonne le neuvième ;
Enfin les soldats barbus de Val-Fonde forment le dixième et dernier corps d’armée :
C’est une race qui fut toujours l’ennemie de Dieu.
Tel est, d’après les Chroniques de France, le dénombrement de ces trente colonnes.
Elle est grande, cette armée où tant de clairons retentissent !
Voici, voici que les païens s’avancent, en vaillants hommes…