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INTRODUCTION

servé dans notre versification moderne ces heureuses libertés de l’ancienne rhythmique.

La seule lettre qui s’élide, en règle générale, c’est l’e, et

    de la Chanson de Roland est le décasyllabe, avec pause après la quatrième syllabe accentuée. — 2o L’e non accentué, soit seul, soit accompagné d’un s, d’un t ou d’un ent, ne compte ni à la fin du premier hémistiche, ni à la fin du vers : « Josqu’à la tere si chevoel li balient (v. 976). Ceignent espées de l’acer vianeis (v. 997). — 3o Dans le corps d’un vers, l’e muet, qui termine un mot, a généralement devant une consonne la valeur d’une syllabe : En dulce France en perdreie mun los (v. 1054). La sue mort li vait mult angoissant (v. 2232). Il en est de même de l’ent : Dient Franceis : Dehet ait ki s’en fuit (v. 1047). — 4o Dans les mots tels que Marsilies et milie, où la syllabe accentuée est la pénultième, la dernière syllabe ne compte ni à la fin de l’hémistiche, ni à la fin du vers, et l’on procède absolument comme s’il y avait Marsiles et mile : « Li reis Marsilies la lient, ki Deu n’en aimet (v. 7). — E sunt ensemble plus de cinquante milie (v. 1919). Il en est de même devant une consonne : A icest mot tel .c. milie s’en vunt (v. 1911). — 5o Des mots tels que mar et cum prennent à volonté un e final devant une consonne, pour les besoins de la versification et quand il faut au vers une syllabe de plus : Li empereres tant mare vus nurrit (v. 1860). Ben me le guarde si cume tel felun (v. 1819). — 6o Quelques alexandrins se sont glissés parmi les décasyllabes du Roland : Oliver est muntez desur un pui altur (v. 1017). Cunquerrat li les teres d’ici qu’en Orient (v. 1693). Il est parfois assez facile de les réduire à leur compte normal : Oliver est muntez desur un pui, etc. ═ Chap II. De l’élision. — 1o Deux principes dominent ici toute la matière : le premier, c’est qu’à fort peu d’exceptions près, l’e muet est la seule voyelle qui s’élide ; le second, c’est que l’e muet lui-même ne s’élide qu’à volonté, ad libitum. — 2o L’a ne s’élide point : Vint tres qu’a els, sis prist à castier (v. 17). La u cist furent, des altres i out bien (v. 108), etc. — 3o L’i ne s’élide point : N’i ad paien ki un sul mot respundet (v. 22). E si i furent e Gerin e Gerers (v. 107). Li empereres ki Franceis nos laisat (v. 1,114), etc. Il convient cependant de noter quelques exceptions. Le sujet masculin de l’article, li, s’élide assez souvent : Dist lun à l’altre : « E car nos enfuiuns. » — 4o L’o ne s’élide point. Nous avons dit ailleurs (Épopées françaises, I, pp. 206, 207) que, dans les mots ço et jo, l’o n’est réellement qu’une notation de l’e. — 5o L’u ne s’élide point : U altrement ne valt .IIII. deners (v. 1,880). Il en est de même de l’ui : Cum il einz pout, del pui est avalet (v. 1,037). — 6o Quant à l’e, il s’élide souvent, tant dans les monosyllabes que dans les autres mots : Oliver sent qu’il est a mort naffret (1965). D’ici qu’as denz menuz (1956). De doel murrai s’altre ne m’i ocit (1867). Cumpainz Rollanz, l’olifan car sunez, — Si l’orrat Carles, ferat l’ost returner (1059, 1060). Ensembl’od els li quens Rollant i vint (v. 175). Demurent trop, n’i poedent estre à tens (v. 1,841). — 7o Mais on trouve des exemples tout aussi nombreux de non-élision dans tous les cas : Noz cun-