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LA CHANSON DE ROLAND

Quand Charles voit si belles contenances,
Il appelle Jozeran de Provence,
Le duc Naimes et Anthelme de Mayence :
« En de tels soldats qui n’aurait confiance ?
« Désespérer serait folie.
« À moins que les païens ne se retirent devant nous,
« Je leur ferai payer cher la mort de Roland.
« — Que Dieu le veuille ! » répond le duc Naimes.


CCXX


Charles appelle Rabel et Guinemant :
« Je veux, seigneurs, leur dit le Roi,
« Que vous preniez la place d’Olivier et de Roland ;
« L’un de vous portera l’épée, et l’autre l’olifant.
« En tête de toute l’armée, au premier rang, marchez,
« Et prenez avec vous quinze mille Français,
« Tous jeunes et de nos plus vaillants.
« Après ceux-là, il y en aura quinze mille autres
« Que commanderont Gebouin et Laurent,
« Naimes le duc et le comte Jozeran. »
Sur-le-champ on dispose ces deux corps d’armée.
S’ils rencontrent l’ennemi, quelle bataille !


CCXXI


Telles sont les premières colonnes de l’armée française.
Après ces deux-là, on forme la troisième.
Les barons de Bavière la composent,
Qui sont environ vingt mille chevaliers.
Certes, ce ne seront point ceux-là qui laisseront la bataille ;
Car sous le ciel il n’est point de peuple que Charles aime tant,
Sauf ceux de France, qui sont les conquérants des royaumes.