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HISTOIRE D’UN POËME NATIONAL

nous offre la version primitive que jusqu’au vers 3,682 de notre texte d’Oxford. À partir de là, le copiste italien n’a plus eu sous les yeux qu’un de ces remaniements dont nous allons parler, et qui était orné d’un long récit de la prise de Narbonne par Aimeri. Toujours est-il que nous possédons en double la version primitive d’environ 3,500 vers de notre poëme. Tous les éditeurs du Roland, mais surtout M. Th. Muller, ont su profiter du texte de Venise.

On a trop dédaigné jusqu’ici le texte de nos Remaniements[1], et l’on n’a pas voulu voir qu’ils renfermaient des fragments considérables de la version primitive. Parmi nos refazimenti,

  1. Ces Remaniements composent la seconde famille des Manuscrits du Roland : ═ a. Manuscrit de Paris B. N., fr. 860, ancien 72255, seconde moitié du XIIIe siècle ; il y manque environ les 80 premiers couplets. — b. Manuscrit de Versailles. Il est aujourd’hui à la Bibliothèque de Châteauroux, et il en existe une copie moderne à la B. N. (fr. 15,108). Après avoir fait partie de la bibliothèque de Louis XVI, il fut acheté par le comte Germain Garnier. C’est celui dont s’est servi M. Bourdillon pour son édition critique. (XIIIe s., — 8,330 vers.) M. F. Michel a publié, dans la seconde édition de son Roland, la version de Paris complétée par les 80 premiers couplets de celle de Versailles. M. G. Paris s’apprête, croyons-nous, à éditer de nouveau le premier de ces textes dont nous avons nous-même préparé la publication. — c. Manuscrit de Venise (Bibliothèque Saint-Marc, manuscrits français, no  vii). À une colonne, 138 folios, 8,880 vers ; exécuté vers 1250. Le texte, qui n’est pas italianisé, se rapproche beaucoup de celui de Versailles ; mais nous avons eu l’occasion d’y puiser de très-bonnes variantes. — d. Manuscrit de Lyon (no  964) XIVe s. Les 84 premières laisses y manquent. Dans le dernier couplet, on annonce « la guerre de Grifonel l’enfant ». N’a pas été utilisé par M. Th. Muller, et nous nous en sommes souvent servi. — e. Fragments d’un manuscrit lorrain, 351 vers du XIIIe siècle, publiés par Génin, Chanson de Roland, p. 491 et suiv. — f. Manuscrit de Cambridge (Trinity college, R. 3-32), XVIe siècle, sur papier, mal écrit. Les 17 premières strophes font défaut. Le dernier couplet, en vers de 12 syllabes, nous montre les barons de Charles retournant dans leurs fiefs. — Le lecteur trouvera dans nos Notes et variantes de nombreux fragments des quatre manuscrits a, b, c, d. — Plusieurs manuscrits du Roland ont été perdus. M. P. Meyer a vu vendre, à la vente Savile, un remaniement en vers de 12 syllabes dont il ignore la destinée postérieure. Un de ceux qui étaient autrefois conservés à la cathédrale de Peterborought (K xiv, De bello Valle-Runcie, gallice, The History of the church of Peterburgh, by Simon Gunton, 1686, p. 219), ne serait-il pas le même que le manuscrit actuel de la Bodléienne ?