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LA CHANSON DE ROLAND

Tous finissent par être noyés très-cruellement.
« Vous avez vu Roland, s’écrient les Français ; mais cela ne vous a point porté bonheur. »


CLXXXII


Quand Charles voit que tous les païens sont morts,
Les uns tués, les autres noyés ;
Quand il voit que ses chevaliers ont fait un grand butin,
Le noble roi est descendu à pied :
Il s’étend à terre et remercie Dieu...
Quand il se releva, le soleil était couché :
« C’est l’heure, dit-il, de songer au campement ;
« Car il est trop tard pour revenir à Roncevaux.
« Nos chevaux sont las et épuisés ;
« Enlevez-leur les selles et les freins,
« Et laissez-les se rafraîchir dans les prés.
« — Sire, répondent les Français, vous dites bien. »


CLXXXIII


L’Empereur prend là son campement ;
Les Français descendent de cheval dans ce désert ;
Ils enlèvent les selles de leurs chevaux
Et leur ôtent les freins d’or ;
Puis ils les lancent dans les prés où il y a de l’herbe fraîche ;
Ils ne peuvent pour eux faire autre chose.
Ceux qui sont las s’endorment sur la terre :
Cette nuit-là on ne fit pas le guet.


CLXXXIV


L’Empereur s’est couché dans un pré ;
Il a mis sa grande lance à son chevet, le baron ;