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HISTOIRE D’UN POËME NATIONAL

de sa mort. Nous avons supposé, nous supposons encore aujourd’hui, que le jour vint où l’on réunit, où l’on souda entre elles toutes ces cantilènes pour en faire une seule et même Chanson de geste. C’est ce qui nous faisait dire il y a quelques années : « Les Chansons de geste dérivent des Cantilènes. Pour former une Chanson de geste, on n’a eu qu’à juxtaposer un certain nombre de Cantilènes dont chacune avait sa vie propre et indépendante. » Et plus loin : « Les premières Chansons de geste n’ont été que des bouquets, des chapelets de Cantilènes[1]. »

Avant notre Chanson de Roland, il existait probablement toute une série de Chants populaires qui se rapportaient à chacune des parties de notre poëme : le Conseil du roi Marsile[2] ; le Message de Blancandrin[3] ; le Conseil de Charlemagne[4] ; la Trahison de Ganelon[5] ; les Songes de l’Empereur et Roland à l’arrière-garde[6] ; les Pairs de Marsile[7] ; la Grande Bataille[8] ; le Cor[9] ; la Mort d’Olivier[10] ; la Mort de Roland[11] ; le Soleil

  1. Épopées françaises, I, 150. La même théorie qui a été vivement combattue par M. Paul Meyer (l. I, p. 331 et ss.) et que nous avons dû modifier, a été soutenue tout récemment par un jeune élève de l’École des Chartes : « Les Chansons de geste, dit M. Camille Pelletan, dérivent des Cantilènes des IXe et xve siècles, soudées ensemble. — En effet, les chansons populaires ont conservé en France des règles prosodiques et des caractères littéraires d’où l’on peut dériver la prosodie et le style des Chansons de geste. Et différentes raisons portent à croire que les règles de la versification des chansons populaires ont peu changé. — D’autre part, les plus anciens de nos poëmes sont évidemment dus à la réunion de fragments différents, surtout très-mal soudés, et dont quelques-uns ont conservé le caractère et l’apparence de chansons populaires. »
  2. Chanson de Roland, vers 10-95.
  3. Ibid., vers 96-167.
  4. Ibid., vers 168-365.
  5. Ibid., vers 366-668.
  6. Ibid., vers 669-825.
  7. Ibid., vers 826-1016.
  8. Ibid., vers 1,017 et ss.
  9. Ibid., vers 1,691 et ss.
  10. Ibid., vers 1,952 et ss.
  11. Ibid., vers 2,134 et ss.