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LA CHANSON DE ROLAND

« Nous avons perdu nos seigneurs et nos pairs.
« Et voilà que Charles, le baron, revient avec sa grande armée :
« Nous entendons d’ici les claires trompettes de ceux de France
« Et le grand bruit que fait le cri de Montjoie.
« Rien n’égale la fierté du comte Roland,
« Et il n’est pas d’homme vivant qui le puisse vaincre.
« Tirons de loin, et laissons-le sur le champ. »
Ainsi firent-ils. Ils lui lancent de loin dards et javelots,
Épieux, lances et flèches empennées ;
Ils ont mis en pièces et troué l’écu de Roland ;
Ils lui ont déchiré et démaillé son haubert ;
Mais point ne l’ont touché dans son corps.
Pour Veillantif, il a reçu trente blessures,
Et sous le comte est tombé mort.
Les païens, cependant, s’enfuient et laissent Roland seul,
Seul et à pied…


LA DERNIÈRE BÉNÉDICTION DE L’ARCHEVÊQUE


CLXII


Païens s’enfuient, courroucés et pleins d’ire ;
Ils se dirigent en hâte du côté de l’Espagne.
Le comte Roland ne les a pas poursuivis,
Car il a perdu son cheval Veillantif.
Bon gré, mal gré, il est resté à pied.
Le voilà qui va aider l’archevêque Turpin ;
Il lui a délacé son heaume d’or sur la tête :
Il lui a retiré son blanc haubert léger ;