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LA CHANSON DE ROLAND

« Voici que ma lance est rompue, mon écu percé,
« Mon haubert en lambeaux,
« Et j’ai huit lances dans le corps.
« Je vais mourir, mais je me suis chèrement vendu. »
À ce mot, Roland l’a entendu ;
Il pique son cheval et galope vers lui.


CLIV


Roland est plein de douleur, Roland est plein de rage.
Dans la grande mêlée il commence à frapper ;
Il jette à terre vingt-cinq païens d’Espagne, roides morts.
Gautier en tue six, l’Archevêque cinq.
« Quels terribles hommes ! s’écrient les païens.
« Prenons garde qu’ils ne s’en aillent vivants :
« Honte à qui n’ira pas les attaquer !
« Honte surtout à qui les laisserait échapper ! »
Alors recommencent les cris et les huées,
Et de toutes parts les païens envahissent les trois Français.


CHARLEMAGNE APPROCHE


CLV


Le comte Roland fut un très-noble guerrier,
Et Gautier de l’Hum un très-bon chevalier.
Pour l’Archevêque, c’est un brave éprouvé.
L’un ne veut rien laisser à faire à l’autre :
C’est au plus fort de la mêlée qu’ils frappent les païens.
Il y a là mille Sarrasins à pied,