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LA CHANSON DE ROLAND

Qui chevauchent fièrement et en grande colère,
Et qui jettent le cri d’armes païen.
« C’est ici, s’écrie alors Roland, c’est ici que nous serons martyrs ;
« Car je sais bien que nous n’avons plus longtemps à vivre.
« Mais maudit celui qui ne se vendra chèrement !
« Frappez, seigneurs, frappez de vos épées fourbies ;
« Disputez-bien votre mort, votre vie,
« Et surtout que France la douce ne soit pas déshonorée…
« Quand Charles mon seigneur viendra sur ce champ de bataille ;
« Quand il verra le massacre des Sarrasins ;
« Quand pour un des nôtres il en trouvera quinze d’entre eux parmi les morts,
« Eh bien ! l’Empereur nous bénira. »


MORT D’OLIVIER


CXLV


Quand Roland aperçoit la gent maudite
Qui est plus noire que de l’encre
Et qui n’a de blanc que les dents :
« Je suis très-certain, dit Roland ;
« Oui, je sais clairement que nous mourrons aujourd’hui.
« Frappez, Français. C’est ma seule recommandation ; frappez. »
Et Olivier : « Malheur aux plus lents ! » s’écrie-t-il.
À ces mots, les Français se jettent dans le milieu même des ennemis.


CXLVI


Les païens, quand ils s’aperçoivent qu’il y a si peu de Français,
En sont entre eux remplis d’orgueil et tout réconfortés.