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LA CHANSON DE ROLAND

Et le sang tout clair inondant le sol !
Roland est rouge de sang ; rouge est son haubert, rouges sont ses bras,
Rouges sont les épaules et le cou de son cheval.
Pour Olivier, il ne se met pas en retard de frapper.
Les douze Pairs aussi ne méritent aucun blâme ;
Tous les Français frappent, tous les Français massacrent.
Et les païens de mourir ou de se pâmer :
« Vivent nos barons ! dit alors l’Archevêque :
« Montjoie ! crie-t-il, Montjoie ! » C’est le cri de Charles.


CVI


Parmi la bataille chevauche Olivier ;
Le bois de sa lance est brisé, il n’en a plus qu’un tronçon au poing.
Alors il va frapper un païen, du nom de Malseron.
Il lui brise l’écu qui est couvert de fleurs et d’or.
Il lui jette les deux yeux hors de la tête,
Et la cervelle du païen lui tombe aux pieds.
Bref, il le renverse mort avec sept cents de sa race.
Puis il a tué Turgin et Esturgus ;
Mais cette fois il brise et met en éclats sa lance jusqu’à son poing :
« Que faites-vous, compagnon ? lui crie Roland,
« Ce n’est pas un bâton qu’il faut en telle bataille,
« Mais il n’y a de bon que le fer et l’acier.
« Où donc est votre épée qui s’appelle Hauteclaire ?
« Sa garde est d’or, et sa poignée de cristal.
« — Je n’ai pas le temps de la tirer, répond Olivier,
« Je suis trop occupé à frapper ! »


CVII


Mon seigneur Olivier a tiré sa longue épée,
Que lui a tant demandée son compagnon Roland,