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LA CHANSON DE ROLAND

« Dans le grand Paradis vos places sont toutes prêtes. »
Français descendent de cheval, s’agenouillent à terre,
Et l’Archevêque les bénit de par Dieu :
« Pour votre pénitence, vous frapperez les païens. »


XC


Français se redressent, se remettent en pied ;
Les voilà absous et quittes de tous leurs péchés.
L’Archevêque leur a donné sa bénédiction au nom de Dieu ;
Puis ils sont montés sur leurs destriers rapides.
Ils sont armés en chevaliers
Et tout disposés pour la bataille.
Le comte Roland appelle Olivier :
« Sire compagnon, vous le savez,
« C’est Ganelon qui nous a tous vendus ;
« Il en a reçu bons deniers en argent et en or ;
« L’Empereur devrait bien nous venger.
« Quant au roi Marsile, il a fait marché de nous,
« Mais c’est avec nos épées qu’il sera payé. »


XCI


Aux défilés d’Espagne passe Roland
Sur Veillantif, son bon cheval courant.
Ses armes lui sont très-avenantes ;
Il s’avance, le baron, avec sa lance au poing,
Dont le fer est tourné vers le ciel,
Et au bout de laquelle est lacé un gonfanon tout blanc.
Les franges d’or lui descendent jusqu’aux mains.
Le corps de Roland est très-beau, son visage est clair et riant.
Sur ses pas marche Olivier, son ami ;
Et ceux de France, le montrant : « Voila notre salut, » s’écrient-ils.