LES PRÉLUDES DE LA GRANDE BATAILLE
Olivier est monté sur une hauteur :
Il regarde à droite parmi le val herbu,
Et voit venir toute l’armée païenne.
Il appelle son compagnon Roland :
« Ah ! dit-il, du côté de l’Espagne, quel bruit j’entends venir !
« Que de blancs hauberts ! que de heaumes flamboyants !
« Nos Français vont en avoir grande ire.
« C’est l’œuvre de Ganelon le traître, le félon ;
« C’est lui qui nous fit donner cette besogne par l’Empereur.
« — Tais-toi, Olivier, répond le comte Roland ;
« C’est mon beau-père : n’en sonne plus mot. »
Olivier est monté sur une colline élevée :
De là il découvre le royaume d’Espagne
Et le grand assemblement des Sarrasins.
Les heaumes luisent, tout gemmés d’or,
Et les écus, et les hauberts brodés,
Et les épieux, et les gonfanons au bout des lances.
Olivier ne peut compter les bataillons ;
Il y en a tant, qu’il n’en sait la quantité !
Il en est tout égaré en lui-même,