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LA CHANSON DE ROLAND

« Celui qui a la France en son pouvoir, Charles me mande
« De me souvenir de la colère et de l’antique douleur ;
« C’est-à-dire de Basan et de son frère Basile,
« Dont j’ai pris les têtes là-bas, aux monts de Haltoïe.
« Si je veux racheter la vie de mon corps,
« Il me faut lui envoyer le Calife, mon oncle :
« Autrement il ne m’aimera plus..... »
Après Marsile, son fils prend la parole :
« Ganelon a parlé follement, dit-il au Roi.
« Son crime est tel qu’il mérite la mort.
« Livrez-le-moi, j’en ferai justice. »
Ganelon l’entend, brandit son épée,
Et sur la tige du pin va s’adosser...


XXXVIII


Le roi Marsile s’en est allé dans son verger ;
Il n’y emmène que les meilleurs de ses hommes.
Blancandrin, au poil chenu, y vient avec lui,
Ainsi que Jurfalé, son fils et son héritier.
Le Calife y vient aussi, qui est l’oncle de Marsile et son fidèle ami :
« Appelez le Français, dit alors Blancandrin.
« Il m’a engagé sa foi pour notre cause.
« — Amenez-le, » dit le Roi.
Blancandrin est allé prendre Ganelon aux doigts, par la main droite,
Et l’amène au verger jusqu’aux pieds du Roi.
C’est alors qu’ils préparent la trahison infâme.


XXXIX


« — Beau sire Ganelon, a dit le roi Marsile,
« Je fis preuve de folie avec vous,
« Quand je laissai éclater ma colère en vous frappant.