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LA CHANSON DE ROLAND

« Mon fils sera du nombre, dût-il y périr.
« Et vous en aurez, je pense, de plus nobles encore.
« Lorsque vous serez de retour en votre palais seigneurial,
« À la grande fête de saint-Michel du Péril,
« Mon maître, c’est lui qui vous le promet, vous suivra
« À vos bains d’Aix, dont Dieu a fait jaillir pour vous les eaux miraculeuses.
« Là, il consentira à devenir chrétien.
« — Voilà bien, répond Charles, le moyen pour lui de se sauver. »


XI


Le soir fut beau, le soleil clair.
Charles fait conduire les dix mules dans ses étables,
Puis, dans le grand verger, fait tendre un pavillon,
Et y donne l’hospitalité aux dix messagers :
Douze sergents les servent et leur font fête ;
Jusqu’au jour clair ils y passent la nuit…
L’Empereur se lève de grand matin.
Charles entend messe et matines,
Puis va s’asseoir sous un pin,
Et mande ses barons pour tenir son conseil ;
Car il ne veut rien faire sans ceux de France.


XII


L’Empereur va sous un pin,
Et mande ses barons pour mener son conseil à bonne fin :
C’est le duc Ogier et l’archevêque Turpin ;
C’est Richard le vieux et son neveu Henri ;
C’est le brave comte de Gascogne, Acelin ;
C’est Thibaud de Reims et son cousin Milon.
Gerer et Gerin y sont aussi,