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HISTOIRE D’UN POËME NATIONAL

il fallait que l’Art intervînt et, comme un magicien, fît de nouveau couler la vie dans le vieux poëme. Nous avons donc appelé l’Art à notre aide, et les eaux-fortes de M. Chifflart sont là pour prouver que nous avons eu raison. À notre Iliade, d’ailleurs, le talent de M. Chifflart convient merveilleusement : talent rude, agité, chaud, brillant et digne d’être populaire. M. J. Quicherat a bien voulu nous donner deux de ces dessins si exacts dont ses albums sont remplis : nous lui devons la vue d’Ibagueta, et le croquis des deux statues d’Olivier et de Roland au porche de la cathédrale de Vérone. À notre confrère, M. Demay, qui est à la fois un artiste convaincu et un érudit solide, nous avons demandé les dessins précieux qui représentent, d’après nos plus anciens sceaux, toutes les pièces de l’armure offensive et défensive aux xie et xiie siècles. Mon vieil ami, M. A. Hurel a consenti à graver ces dessins[1]. M. Ehrard est l’auteur de cette carte que nous avons consacrée à l’itinéraire de Charlemagne. Quant à MM. Dujardin, nous leur devons le fac-simile du manuscrit d’Oxford, d’après une photographie que nous avons fait faire en Angleterre et qu’il a fallu grandir à Paris, avec une exactitude scientifique. Pour chaque spécialité, nous nous sommes adressé à l’homme qui la savait le mieux.

Nous avons beaucoup à remercier M. Gaston Paris de la bienveillance avec laquelle il a mis toute sa bibliothèque à notre disposition. Nous espérons bien, d’ailleurs, que la publication de notre Roland ne l’empêchera pas de publier le sien. La science a trop d’intérêt à ce qu’il ne renonce pas à son projet. La route est belle et large : on y peut marcher deux. Puis, il s’agit de rendre à notre vieille poésie nationale sa gloire trop longtemps méconnue. Pour suffire à une si noble tâche, nous ne serons jamais trop nombreux.



  1. M. Fichot a remis sur bois les dessins de MM. Quicherat et Demay, et il a dessiné lui-même le médaillon du vitrail de Chartres qui représente « Roland fendant le rocher ».