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INTRODUCTION

point utilisé. Quant au texte de Paris, nous avions eu le projet de le publier à la suite du nôtre, et déjà la copie en était préparée ; mais M. Fr. Michel nous a dispensé de ce soin en le publiant lui-même dans la seconde édition de son Roland. Nous avons, comme M. Müller, puisé dans tous ces manuscrits d’excellentes variantes. C’est ainsi que nous avons pu rétablir la mesure exacte d’un certain nombre de vers plus ou moins tronqués ; réduire à la forme décasyllabique quelques alexandrins « involontaires » ; rendre leur véritable physionomie à une foule de mots altérés. Mais jusque-là notre travail se rapprochait beaucoup de celui de nos devanciers : voici où il commence à s’en distinguer nettement.

Nous avons prétendu publier un « Texte critique ». Nous avons voulu faire, pour la Chanson de Roland, ce qu’a fait M. Natalis de Wailly pour l’Histoire de saint Louis, de Joinville.

Après avoir dressé le Glossaire complet de notre poëme, nous l’avons étudié mot par mot au point de vue grammatical. Nous avons pu enfin déterminer les règles positives de la « Grammaire du Roland », et, en particulier, celles de la Déclinaison. Or ces règles ne sont observées, par le scribe de notre manuscrit, que six ou sept fois sur dix, tantôt davantage et tantôt moins. Eh bien ! dans notre édition, nous les avons observées partout.

Partout et toujours (pour prendre un exemple frappant) nous avons écrit, avec une s finale au nominatif singulier, les substantifs ou adjectifs masculins dérivés de la seconde déclinaison latine. Or l’écrivain très-ignare auquel nous devons le texte d’Oxford, avait très-souvent violé cette règle primordiale que nous avons partout et toujours rétablie. Il en est de même pour vingt, pour cinquante autres règles que nous avons observées, alors même que notre scribe les avait oubliées et enfreintes. Voilà un premier travail qui, dans notre édition, a donné lieu à près de deux mille corrections.

M. N. de Wailly s’était arrêté là : nous avons été plus loin, et c’est ici que nous avons pris une initiative peut-être téméraire. Pour la faire bien saisir de nos lecteurs, nous avons besoin de toute leur attention…