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INTRODUCTION

public s’attachait décidément à ces études. Le libraire Silvestre réimprimait ou plutôt reproduisait presque servilement l’édition gothique de la Chronique de Turpin, translatée en français[1]. Dans ses Invasions des Sarrazins en France[2], M. Reynaud émettait, au sujet de Roncevaux, cette très-ingénieuse hypothèse « que les Sarrazins avaient fort bien pu prendre part au combat où périt Roland ». Avec une verdeur et un entrain juvéniles, M. Paulin Paris commençait la publication de ses Manuscrits français de la Bibliothèque du Roi[3], œuvre où il est aisé de constater aujourd’hui plus d’une erreur de détail, mais qui était bien faite pour éveiller la curiosité et donner quelques dévots de plus au culte trop longtemps délaissé de notre poésie du Moyen âge. La Belgique elle-même ne se mettait point en retard. M. de Reiffenberg nous offrait bravement son édition du Philippe Mouskes[4], livre énorme, mal fait, indigeste, touffu, obscur, et où les pièces justificatives ont plus de valeur que l’œuvre principale. Mais malgré tout, que de richesses ! On y trouve une nouvelle édition de la Chronique de Turpin et des extraits de la Chronique de Tournai ; on y peut lire enfin les rubriques des Conquestes de Charlemagne, par David Aubert, et cette compilation importante du xve siècle n’était pas encore connue dans le monde savant. Puis, dans son Introduction du tome II, M. de Reiffenberg étudie longuement la légende de Roland, de Ganelon, d’Olivier et de tous nos héros épiques. Ah ! si ce grand travailleur avait eu plus de sens critique et une

    1835, Paris, t. I, pp. 176-179. L’auteur de ce dernier article était M. E. de Montglave. Il avait vu une copie du chant d’Altabiscar chez l’ex-ministre Garat, qui la tenait du grenadier Latour-d’Auvergne, qui la tenait lui-même du Prieur d’un des couvents de Saint-Sébastien. Le manuscrit, disait-on, appartenait à la fin du xiie ou au commencement du xiiie siècle. C’est à M. Bladé que revient surtout l’honneur d’avoir découvert cette fraude.

  1. 1835, in-4o.
  2. En 1836.
  3. 1836-1848, sept volumes in-8o.
  4. Chronique rimée de Philippe Mouskes, publiée par le baron de Reiffenberg, Bruxelles, 1836, 1838 ; Supplément en 1845. — 3 volumes in-4o, dans la Collection des Chroniques belges.