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HISTOIRE D’UN POËME NATIONAL

reux homme, heureux mélange de Marseillais, de Gascon et de talon rouge. Néanmoins, et quoique je l’aie citée ailleurs, il faut citer encore, citer toujours cette restitution de Roland. Je l’ai dit, d’ailleurs, dans le titre de ce chapitre : « C’est le dernier outrage. » Mais il est rude.


XVI. — le dix-neuvième siècle
réhabilitation de l’épopée française et de la chanson de roland


Il est une gloire qu’on ne pourra jamais enlever à notre siècle : c’est d’avoir littérairement compris toutes les autres époques, c’est de leur avoir rendu pleine et absolue justice. La Renaissance avait lancé dans le monde moderne cette doctrine à laquelle trop d’esprits demeurent encore attachés : « Dans l’histoire du

    Le nom d’un guerrier si vaillant
    Est le signal de la victoire.

    Premier couplet.
    Roland, étant petit garçon,

    Faisoit souvent pleurer sa mère.
    Il étoit vif et polisson :
    « Tant mieux, disoit monsieur son père.
    « À la force il joint la valeur.
    « Mauvaise tête avec bon cœur,
    « C’est pour réussir à la guerre. » [Refrain.]


    Au paysan comme au bourgeois

    Ne faisant jamais violence,
    De la guerre exigeant les droits
    Avec douceur et bienséance,
    De son hôte amicalement
    Il partageait la fricassée,
    S’il ne faisoit pas l’insolent
    Ni sa fille la mijaurée. [Refrain.]


    Roland, à table, étoit charmant

    Buvoit du vin avec délice ;
    Mais il en usoit sobrement
    Les jours de garde et d’exercice, etc. etc.

    [Bibliothèque des Romans, déc. 1777, pp. 210-215.]