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VII

L’énonciation très-succinte du projet de décoration imaginé pour le Panthéon, et déjà réalisé par Chenavard, ne nous a pas demandé moins de six articles, et l’on trouvera sans doute que nous avons été bref, en songeant que notre travail, outre l’histoire universelle depuis Adam jusqu’à nos jours, contient les cosmogonies et les théogonies de tous les peuples, plus une immense galerie de portraits idéalisés, où chaque individualité caractéristique n’est oubliée, enfin ce monde-ci et l’autre, puisque l’artiste a complété sa grande épopée de l’âme humaine, en la suivant hors de la vie sensible dans les séjours de rémunérations et de peines que lui assignent les diverses religions.

Nul édifice antique ou moderne n’a vu se déployer sur ses murailles un plus vaste poëme pittoresque. Cent soixante tableaux de dix-huit pieds de haut sur onze de large, une frise de huit cent pieds de long, quatre piliers gigantesques revêtus de peintures, caissons et pendentifs, cinq mosaïques de soixante-dix pieds de diamètres, où s’agitent des compositions touffues et fourmillantes, forment un total formidable de personnages ; on ferait une armée en