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tenant le modèle du Temple, et les prophètes qui font pendant aux Sibylles et rendent à la religion du Dieu solitaire les mêmes services que celles-ci au polythéisme.

Du pied de l’idole centrale part un perron à deux rampes aboutissant à un palier.

Par la rampe droite descendent Alexandre et Ptolémée remettant à César, placé plus bas, les clés d’Alexandrie.

Ensuite viennent, placés sur le palier dont nous avons parlé tout à l’heure, Auguste, Virgile, Horace, Tacite, regardant en sa qualité d’historien Marius et Sylla qui luttent sur un plan plus reculé et laissent loin derrière eux Annibal et Mithridate, ces deux grands ennemis du nom romain, que des sénateurs assis sur leurs chaises curules semblent dominer par leur impassibilité majestueuse.

Par la rampe gauche, reliant l’Ancien Testament au Nouveau, le verbe du passé au verbe de l’avenir, descendent la Sainte-Vierge portant l’enfant Jésus et saint Jean portant la croix et l’agneau.

Tout près de l’escalier, et pour continuer la filiation, saint Pierre en présence de saint Jacques, reconnaissable à son bâton de voyageur, remet les clefs à saint Lin, le premier pape.

Un peu plus loin, saint Jean, tournant vers le ciel son œil d’aigle, écrit l’Apocalypse sur un long rouleau de parchemin, tandis que près de lui saint Etienne, donnant du pain et des vêtements à des enfants nus, institue la charité, ce sentiment inconnu au monde antique.

Le groupe chrétien est rattaché au groupe païen par le bourreau armé de la hache qu’envoient vers les hommes de la loi nouvelle Néron et Dioclétien, les grands persécuteurs.