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Longin, Aristarque s’égarent sur ces sentiers et cèdent le pas aux Romains de la vieille roche qui s’avancent en bon ordre. On voit apparaître à leur tour Numa, conseillé par son Egérie ; Scévola, la main brûlée ; Horatius Coclès, Fabricius, Coriolan, Valérie, Véturie, Cincinnatus, Caton l’ancien, les Fabius, les Scipions, Paul-Emile, Lélius et les poètes Térence, Plaute, Ennius ; ils suivent majestueusement une procession augurale et religieuse qui défile, vestales en tête, et vont au Capitole rendre grâce aux dieux d’un nouveau triomphe de la république. Cela se passe au-dessus des tableaux de Brutus condamnant ses fils et de Carthage prise. Au second plan, l’on voit s’élever les monuments de la Rome antique et s’arrondir les arcades des aqueducs construits par le peuple.

Au tournant de l’angle et à la suite d’un triomphe décerné à César avec tout l’appareil d’usage, quadrige de chevaux blancs, victoires aux ailes d’or, butin porté sur des brancards, se trouvent les grands hommes des guerres civiles de cette époque : Marius, Sylla, Pompée, Lucullus, Lucrèce, Salluste, les Gracques, accompagnés de leur mère et de leurs sœurs ; Brutus marche près de César, et tient son épée nue, comme pour indiquer par cet attribut prophétique le meurtre qu’il projette. Le triomphe est magnifique et contraste par sa pompe avec la simplicité de la cérémonie religieuse qui précède ; il y a des esclaves nombreux qui portent les vases d’or, les cratères d’argent et de métal de Corinthe, les tapis persiques, la pourpre, les masses d’ambre, d’encens et de nard ; il a pour fond des temples, des monuments magnifiques aux frises peuplées de statues et indiquant la splendeur de la civilisation la plus avancée. Cet entassement de luxe montre les progrès