Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

Solon à la tête de mort qu’il tient, Chilon à son miroir, Cléobule à ses balances, Périandre à sa plante de pouliot, Bias à son réseau et à sa cage, Pittacus à son doigt posé sur la bouche, Thalès au mulet qui le suit, ouvrent la seconde panathénée : l’histoire née avec Hérodote, l’art dramatique avec Thespis, qui du haut de son chariot traîné par des boucs, chante et mime l’hymne de Bacchus. Voici Eschyle, le titan tragique, le poëte du Prométhée enchaîné et de l’Orestie, celui dont Aristophane disait qu’il édifiait ses mots comme des tours, et lançait impétueusement des périodes parées d’aigrettes flottantes, Eschyle, le Shakespeare grec ; Anacréon, Sapho, Pindare suivent Corinne, Phidias, Ictinus, Polyclète, Myron, les uns portant la lyre et les emblèmes qui les distinguent, les autres les modèles de leurs travaux, comme les fondateurs d’églises ou de monastères que l’art du moyen âge représente portant des chapelles et des abbayes en miniatures entre les mains. Polygnote, Zeuxis, Socrate, Anaxagore, Platon se groupe avec Sophocle, Aristophane, Miltiade, Léonidas, Périclès, Phocion, Thémistocle, Démosthènes [sic' ]. Toute cette noble compagnie s’avance à travers de petit bois de lauriers-roses épanouis dans l’azur du ciel attique, ou cause sous de beaux portiques de marbre blanc.

Arrivée à la statue d’Alexandre la marche reprend : Aristote, Xénophon, Epicure, Zénon, Diogène, les philosophes et les savants, se succèdent, mais les poëtes et les artistes ont disparu, et les jolis bois de lauriers-roses ont fait place à des terrains montueux, hérissés de broussailles et rayés de sentiers qui s’embrouillent. Au fond s’étend la mer avec son bleu dur. Nous approchons d’Alexandrie, dont la bibliothèque est tracée au-dessous. Archimède,