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Voici dans cet entre-colonnement Pythagore, Solon, Lycurgue, tous ceux qui ont formulé le sens moral, la notion du juste et de l’injuste en vers dorés, en maximes et en lois. Le siècle de Périclès va s’ouvrir, la civilisation grecque se développe et arrive à son apogée. Hippocrate, entouré d’élèves qui recueillent ses observations, visite un malade et fait une leçon de clinique dans le temple d’Esculape. Démosthène, monté sur le pnyx ou tribune aux harangues, prononce devant la foule enthousiaste un de ces discours que Philippe craignait plus qu’une armée.

A cet endroit sera placée, dans une niche qui s’y trouve, une statue colossale d’Alexandre, exécutée sur les dessins de Chenavard, comme les sculptures de Versailles qui furent faites pour la plupart sur les dessins de Lebrun. Alexandre est considéré comme le héros expansif du génie grec, comme le propagateur de la civilisation hellénique qu’il traînait, dans les fourgons de son armée, à travers les populations barbares ; un des premiers parmi les conquérants, il eut le rêve de l’unité et chercha à réaliser un empire universel. Ce grand prince n’était pas seulement un soldat. Elève d’Aristote, admirateur de la poésie, il ne trouvait rien de plus précieux à mettre dans le coffre de Darius qu’un exemplaire de l’Iliade. Alexandre, à la fois artiste et guerrier, cœur généreux et grand cerveau, symbolise mieux que personne cette famille humaine si intelligente, si brave, si amoureuse du beau, et qui est restée la patrie éternelle de tous les nobles esprits.

Interrompu un moment par la statue d’Alexandre, le grand défilé synthétique et pittoresque recommence : chaque pas qu’on fait vous vieillit d’un siècle, chaque colonne qu’on dépasse, d’une civilisation. La splendeur d’Athènes