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SHAKESPEARE AUX FUNAMBULES

Autrefois, il y a dix ans, il était de mode, parmi les peintres et les gens de lettres, de fréquenter un petit théâtre du boulevard du Temple, où un paillasse célèbre attirait la foule. Nous occupions habituellement une baignoire d'avant-scène assez semblable à un tiroir de commode, et Pierrot s’était si bien habitué à nous voir, qu’il ne se faisait pas un seul festin sur la scène, qu’il ne nous en donnât notre part. Que de tartines de raisiné il a taillées pour nous ! C’était le beau temps, le temps du Bœuf enragé, cette admirable pièce si fort goûtée du bon Charles Nodier, et de ma Mère l’Oie, autre chef-d’œuvre dont l’analyse a plus coûté de peine, d’esprit, d’intelligence, et de style à J.-J. que les comptes-rendus de tous les vaudevilles passés, présents et futurs. — Quelles pièces, mais aussi quel théâtre, et surtout quels spectateurs ! Voilà un