Ils pénétrèrent dans le bois.
Quelques lanternes étaient accrochées aux arbres et abritées du vent par deux boucliers, on marchait sur de la paille entraînée hors des tentes par les allées et venues.
De loin en loin un soldat tenant une haute lance, le carquois au dos, apparaissait debout et immobile ; derrière les arbres on apercevait, sous les tentes entrouvertes, d’autres soldats buvant ou dormant. Au delà, le regard se perdait dans une obscurité profonde.
La tente de Hiéyas était dressée au centre d’une clairière que l’on avait taillée carrément comme une chambre et entourée d’une draperie rouge fixée à des pieux, sur la tente flottait une grande, bannière tourmentée par le vent, deux archers s’appuyaient de chaque côté de l’ouverture ménagée dans la muraille d’étoffe.
On introduisit les messagers.
Hiéyas était assis sur un pliant, il semblait accablé par l’âge, affaissé sur lui-même, la tête inclinée sur la poitrine, la lèvre inférieure pendante, les yeux larmoyants et las. Avoir cette attitude et cette expression d’hébétement, on ne pouvait croire au génie puissant, à la volonté tenace enfermés dans cette enveloppe débile et hideuse. Cependant l’esprit veillait, lucide et ardent, épuisant le corps, l’accablant de fatigue avec un mépris héroïque.