Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la pluie rude comme des tiges d’épis tomber en creusant le sol, parfois le vent la rompait et l’emportait en poussière.

En réalité, Ivakoura ne voyait pas ce qu’il regardait ; ce qu’il voyait, c’était le palais de Kioto, la verandah au milieu des fleurs, la reine descendant les degrés, lentement, le cherchant du regard, lui souriant à demi. Il commençait à éprouver une douleur insupportable de cette longue séparation. Il se disait que peut-être il mourrait sans l’avoir revue.

Deux hommes parurent dans la plaine. Maltraités par la tempête, ils se hâtaient le long du sentier.

Instinctivement, Nagato se dissimula dans l’ouverture de la porte et observa ces hommes.

Ils étaient vêtus comme des paysans ; mais le vent, qui soulevait leurs vêtements d’une façon désordonnée, montrait qu’ils étaient armés de sabres.

Ils marchaient droit vers les huttes.

Le prince réveilla Raïden et Nata et leur montra ces paysans armés qui approchaient toujours, aveuglés par la pluie.

— Vous voyez, dit-il, en temps de guerre, les pêcheurs ne sont pas ce qu’ils paraissent être, ni les paysans non plus.

— Ceux-ci ont remplacé leurs bêches par des sabres, dit Raïden. Où allaient-ils ainsi ? sont-ils nos ennemis ou nos alliés ?