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grande plaine à demi cultivée, qui semblait avoir été abandonnée. Quelques huttes s’élevaient, on marcha vers elles.

On appela, personne ne répondit.

— Le bruit du vent les a rendus sourds, dit Loo.

Il se mit à cogner des poings et des pieds contre les portes.

Les huttes étaient vides.

— Il paraît que nous sommes dans le jeu de Hiéyas sur l’échiquier dont tu parlais tout à l’heure, dit Raïden, les paysans ne fuient pas devant les troupes du siogoun.

— Si nous sommes près de l’ennemi, tant mieux, dit le prince, puisque c’est lui que nous cherchions.

— Comme il fait noir, s’écria Loo, on dirait la nuit.

— C’est l’orage, dit Nata, ces huttes se trouvent là fort à propos pour nous abriter.

En effet, la pluie se mit à tomber par torrents, les quelques arbres disséminés dans la plaine se courbaient jusqu’à terre avec toutes leurs branches chassées d’un seul côté. Le tonnerre grondait.

Les matelots envahirent les huttes désertes ; ils étaient las, ils se couchèrent et s’endormirent.

Pendant ce temps le prince, adossé au chambranle d’une porte, regardait au dehors