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— Assez ! s’écria Toza, je t’arracherai la chair avec des tenailles et je coulerai dans tes plaies de la poix bouillante.

— Tu n’as trouvé là qu’un perfectionnement aux moxas inventés par les médecins : cherche encore, c’est trop peu de chose.

— Je ne m’explique pas la conduite héroïque de cet homme, pensait Fatkoura ; il sait qu’il est pris pour un autre et il soutient un rôle qui le conduit à une mort affreuse.

Elle avait envie de crier la vérité, de dire que cet homme n’était pas le prince de Nagato ; mais elle pensait qu’on ne la croirait pas ; d’ailleurs, puisqu’il se taisait lui-même il devait avoir de graves raisons pour agir ainsi.

— Je te jure que tu seras vengé d’une façon éclatante, s’écria-t-elle, c’est l’épouse du prince de Nagato qui fait ce serment et elle le tiendra.

— Merci, divine princesse, dit le condamné, toi, le seul regret que puisse laisser le monde que je quitte ; dis à mon maître que je suis mort gaiement pour lui, envoyant dans la rage mal assouvie de mon bourreau une preuve de notre supériorité et de notre gloire future.

— Tu ne parleras plus, s’écria le prince de Toza en faisant un signe au bourreau.

La tête de Sado fut tranchée d’un seul coup.