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ponse de Fatkoura. Il était irrité contre elle, mécontent de lui-même.

— J’ai été brutal, pensait-il, je n’ai pas dit ce qu’il fallait, mais la jalousie m’a soudain mordu le cœur ; c’est une torture très-violente que je ne connaissais pas.

Il erra tout le reste du jour dans les jardins, rudoyant tous ceux qui l’approchaient.

— Jamais elle ne voudra m’aimer, se disait-il, je n’ai aucun moyen de dompter son cœur ; mais si le prince de Nagato tombe en mon pouvoir, c’est sur lui que je me vengerai.

Fatkoura, elle aussi, ne pouvait tenir en place ; elle allait d’une chambre à l’autre dans ses appartements, se tordant les mains, pleurant silencieusement. Elle n’osait plus interroger, mais chaque heure écoulée augmentait son inquiétude.

Une nuit, elle entendit un bruit inaccoutumé dans le château : on abaissait les ponts, des chocs d’armures résonnaient.

Elle se leva et courut à une fenêtre ; elle vit briller des lumières à travers les arbres :

— Lève-toi, Tika, dit-elle en éveillant la jeune fille ; tâche de le glisser sans être vue et de surprendre ce qui se dit ; efforce-toi de savoir ce qui se passe au château.

Tika s’habilla rapidement et sortit silencieusement du pavillon. Sa maîtresse la sui-