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nombre de jours ; et toi ! si dévouée, si douce, tu as souffert des maux de toute sorte à cause de moi, et pour ta récompense, quand je voudrais te combler de richesses, d’honneurs, de joies, je ne puis te donner que le spectacle des horreurs de la guerre et la perspective d’une mort prochaine.

— Tu m’as donné ton amour, répliquait Omiti.

— Oh ! oui, s’écriait le roi, et cet amour, qui était le premier, eût été le dernier ; il eût empli toute ma vie. Que ne puis-je t’emporter loin d’ici, fuir cette lutte, ce carnage ! Que m’importe le pouvoir ! il ne m’a pas donné le bonheur. Vivre près de toi, dans une retraite profonde, oublieux des hommes et de leurs ambitions criminelles, c’est là que serait la véritable félicité.

— Ne songeons point à cela, disait Omiti, c’est un rêve impossible ; mourir l’un près de l’autre, c’est une joie encore, elle ne nous sera pas refusée.

— Hélas ! s’écria le siogoun, ma jeunesse se révolte à l’idée de la mort. Depuis que je t’ai retrouvée, chère bien-aimée, j’ai oublié le dédain que l’on m’avait enseigné pour cette vie fugitive ; je l’aime et je voudrais ne pas la quitter.

À la faveur delà nuit Harounaga parvint à reprendre les hauteurs de Tchaousi qu’il