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tronnier en fleur que tu m’as donnée quand je t’ai vu ? dit-elle ; tout à l’heure, en m’évanouissant, je la tendais aux sentinelles ; je pensais qu’ils te l’apporteraient et qu’en la voyant tu te souviendrais de moi. Mais je la retrouve dans ma main.

— Comment ! tu as gardé ces fleurs ? Omiti leva vers le roi son beau regard qui laissait transparaître son âme, puis le baissa aussitôt.

— Puisque c’est toi qui me les avais données ! dit-elle.

— Tu m’aimes donc ? s’écria Fidé-Yori.

— Oh ! maître, dit la jeune fille effrayée, je n’aurai jamais l’audace d’avouer la folie de mon cœur.

— Tu ne veux pas confesser ton amour. Eh bien ! moi je t’aime de toute mon âme, et j’ose te le dire.

— Tu m’aimes, toi le siogoun ! s’écria-t-elle avec une stupéfaction touchante.

— Oui, et depuis longtemps, mauvaise, je t’ai attendue, je t’ai cherchée, j’étais plongé dans le désespoir, tu m’as fait cruellement souffrir ; mais, depuis que tu es là, tout est oublié. Pourquoi as-tu tardé si longtemps ? tu ne pensais donc pas à moi ?

— Tu étais mon unique pensée, elle s’épanouissait comme une fleur divine au milieu