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recommençait tu serais perdu ; du moins tu échapperas encore à l’odieux complot : tramé contre toi !

Tout dormait au château, hormis les sentinelles très-nombreuses, qui allaient et venaient ; on avait remplacé les murailles tombées par des murs vivants.

Omiti, au moment de toucher au but, craignit de ne pas avoir la force de franchir les quelques pas qui lui restaient à faire pour atteindre la porte de la forteresse. Trempée de neige, brisée de fatigue et d’émotion, le frisson glacial du matin la faisait trembler de la tête aux pieds ; tout oscillait devant ses yeux, ses tempes battaient, ses oreilles bourdonnaient. Elle se hâta vers la porte. Les sentinelles croisèrent leurs lances devant elle.

— On ne passe pas, dirent-ils.

— Si ! il faut que je passe tout de suite, que je voie le roi, sinon vous serez sévèrement punis ! s’écria Omiti d’une voix entrecoupée.

Les soldats haussèrent les épaules.

— Allons ! arrière, femme ! tu es ivre ou folle, va-t’en !

— Je vous en conjure, laissez-moi entrer ; appelez quelqu’un, il me semble que je vais mourir ; mais avant, il faut que je parle au roi ! il le faut, entendez-vous ? Ne me laissez pas mourir sans avoir parlé.