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closes intérieurement par de lourdes barres ; de plus, les valets chargés du soin de la cave couchaient en bas. Il ne fallait donc pas songer à fuir de ce côté. Il restait la fenêtre ; le premier étage était assez élevé, mais ce n’était pas cela qui inquiétait Omiti. Comment ouvrir la fenêtre sans éveiller les jeunes femmes ? Si elle parvenait à le faire sans bruit l’air froid pénétrant dans la chambre les tirerait de leur sommeil. Omiti songea à la fenêtre qui s’ouvrait sur le palier de l’escalier ; mais celle de la chambre donnait sûr la rue, tandis que celle-là donnait sur le jardin, et une fois dans le jardin il restait la palissade à franchir.

— N’importe, se dit Omiti, je descendrai par la fenêtre de l’escalier.

Mais comment ? elle n’avait pas d’échelle à sa disposition. Avec une corde ! où prendrait-elle une corde sans éveiller de soupçon ? Elle se décida à en faire une. Ses compagnes étaient allées en promenade, elle avait du temps devant elle. Ouvrant les coffres qui contenaient ses vêtements, elle en tira des robes en soie forte et les coupa par lanières. Elle tressa ensuite ensemble ces lanières et joignit les tresses par des nœuds solides. Puis elle roula la corde et la cacha sous son matelas.

— Maintenant, dit-elle, je suis sûre de pouvoir le sauver.