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ciance de la cour le secondait à merveille. Omiti comprenait tout cela ; elle se tordait les bras et pleurait de désespoir.

— Personne n’a donc le courage de le prévenir du danger ! s’écriait-elle dans ses nuits d’insomnie.

Un jour qu’elle brodait dans sa chambre, elle s’aperçut que ceux qui parlaient dans la salle d’en bas baissaient la voix. D’ordinaire ils s’inquiétaient peu d’être entendus. Son cœur bondit dans sa poitrine.

— Il faut absolument que j’entende ce qu’ils disent, murmura-t-elle.

Elle s’avança au bord de l’escalier et prenant la rampe elle se laissa glisser jusqu’en bas légère comme une étoffe.

La conversation était engagée, elle en surprit des lambeaux.

— Oui, cette plage est déserte.

— On entrerait dans l’auberge par la porte qui est du côté de la mer.

— Et l’on en sortirait par petits groupes du côté de la rue.

— Il faut que les soldats soient déguisés en artisans.

— Certes, mais qu’ils gardent leurs armes sous leurs vêtements.

— La ville est très agitée déjà, on se porterait en masse vers la forteresse, et l’on sommerait le siogoun de déposer le pouvoir.