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— Rien. Je crois pourtant que la famille à laquelle elle appartient fait partie de mes ennemis. En me révélant l’existence du complot, elle a refusé de m’en nommer les auteurs.

— Ah ! s’écria tout à coup Nagato, vois donc cette jeune fille là-bas, n’est-ce pas celle que tu cherches ? jamais je n’ai vu d’aussi beaux yeux.

Fidé-Yori se retourna vivement.

— Ah ! dit-il, tu te moques, elle a les lèvres épaisses et le nez écrasé.

— C’est vrai, dit Nagato, pardonne-moi, de loin elle m’avait semblé jolie.

Le bateau qui les portait arriva au point où le fleuve s’élargissait, et d’où les pièces d’artifice continuaient à s’envoler vers le ciel.

Ce fut à son tour Fidé-Yori qui poussa un cri.

À travers une gerbe de feu il avait cru voir le visage d’Omiti, et lui ne se trompait pas.

— Là ! là ! cria-t-il, rejoignez ce bateau, hâtez-vous !

Les rameurs précipitamment virèrent de bord. Mais il fallait faire un détour, les grands radeaux qui portaient les pièces d’artifice encombraient le passage. Lorsqu’on les eut dépassés on ne sut quel bateau poursuivre. Fidé-Yori n’avait vu que le visage de la jeune