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— Et si tu ne fermais pas la blessure ?

— La femme serait morte dans quelques minutes.

Le médecin rapprocha les lèvres de la blessure. Lorsqu’il toucha la plaie vive, Fatkoura n’eut aucun tressaillement. Il secoua la tête une seconde fois.

— Mauvais symptôme, murmura-t-il.

Lorsque le pansement fut terminé, il introduisit entre les lèvres de la jeune femme le goulot d’un petit flacon qui contenait une liqueur réconfortante ; il la lui fit boire toute.

Bientôt Fatkoura rouvrit les yeux ; elle était toujours appuyée sur les genoux de Nagato. Tika, à ses pieds, sanglotait.

Elle promena un regard mécontent sur ceux qui emplissaient la chambre ; d’un geste lent et pénible elle fit signe qu’on les éloignât.

Signénari les fit sortir et s’éloigna lui-même ; il ne resta que le médecin et Tika.

— Tu m’as désobéi, Ivakoura, dit la mourante d’une voix qui s’affaiblissait ; tu as appelé du monde, pourquoi ?

— Je voulais te sauver.

— Je suis perdue… Sauvée plutôt, ajouta-t-elle, qu’aurais-je fait dans ce monde ?

Des spasmes la prirent, elle étendit les bras, le sang l’étouffait.