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et, pour leur échapper, j’ai dû fuir. Un mikado fuir devant des hommes ! la rage m’étouffe. Je vous plongerai dans l’obscurité, j’éteindrai le soleil, je renverserai les mers, et je ferai éclater la terre en mille pièces.

— Nous sommes tes esclaves soumis, dit le ministre de la Main-Gauche.

— Si vous êtes mes esclaves, obéissez-moi, s’écria le fils des dieux, j’ordonne que tout soit fini, que la guerre cesse et que toute chose rentre dans l’ordre habituel.

— Seigneur divin ! maître de nos destinées ! dit le prince de Nagato, me permets-tu de parler en ta présence ?

— Parle, dit le mikado.

— Le monstre, que l’on nomme Hiéyas, dit le prince, ne redoute rien et insulte les dieux ; pourtant si l’ordre que tu viens de donner lui était signifié à la face du Japon tout entier, il serait contraint d’obéir et consentirait à la paix.

— Explique-toi, dit Go-Mitsou-No.

— C’est avec douleur que je constate, continua le prince, que, malgré les défaites nombreuses qu’il a essuyées, Hiéyas est encore le plus fort, ses partisans augmentent de jour en jour, mais ils diminueraient rapidement et bientôt tous l’abandonneraient si, ouvertement, il résistait à un ordre universellement connu, émanant du mikado.