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seigneurs et les guerriers dans la salle la plus vaste du château fort. Le mikado s’assit les jambes croisées sur une estrade entourée d’une petite balustrade. On disposa les plis de ses robes autour de lui ; puis les seigneurs s’assirent à terre, tenant devant leur visage un écran étroit et long, afin de mettre un obstacle entre leur regard et la face du souverain.

Le prince de Nagato, Farou-So-Chan, qui était chef des cavaliers du ciel, Simabara, le général Yama-Kava, tous les ministres, tous les seigneurs étaient présents.

Go-Mitsou-No promena sur eux un regard courroucé, il enfla ses joues plus blêmes encore que de coutume, puis souffla bruyamment comme s’il eût voulu disperser des grains de poussière.

Enfin sa parole éclata, brusque, un peu larmoyante.

— Alors, dit-il, je ne suis plus le maître, je ne suis plus le représentant des dieux. On m’assiège, on m’outrage, on veut s’emparer de ma personne ! Je m’étonne que vous soyiez encore vivants. Qu’est-ce que tout cela veut dire ? C’est ainsi que l’on traite un dieu ? Je suis le mikado, c’est-à-dire le seigneur suprême, l’a-t-on oublié ? Je suis sur la terre pour le bien des hommes, quand je pourrais être dans ma famille, au ciel. Si les