simulé la passion invincible qui me subjuguait.
— Comme elle doit souffrir, l’infortunée, d’aimer et de n’être pas aimée ! dit la Kisaki ; je la plains de tout mon cœur. Où est-elle en ce moment ?
— Dans mon château d’Hagui, près de mon père ; j’ai envoyé un messager vers lui, afin qu’il me rapporte des nouvelles exactes des événements qui se sont accomplis. Mon père doit me croire mort, car tu l’ignores sans doute, mon royaume a été saccagé, ma forteresse prise et l’on m’a tranché la tête ; mais qu’importe tout cela, je donnerais mon royaume et le monde entier pour apercevoir seulement ce joli creux qui se forme au coin de tes lèvres quand tu souris.
— Ah ! dit la reine, moi aussi, je donnerais gaiement mon diadème et toutes les splendeurs qui m’environnent pour être ton épouse et vivre près de toi ; mais ne songeons pas à ce qui est impossible, ajouta-t-elle, souvenons-nous que notre espoir franchit les limites de ce monde.
En disant cela elle leva les yeux vers le ciel.
— Vois donc, ami ! s’écria-t-elle, ces nuées qu’illuminent des reflets sanglants, le soleil se couche déjà, est-ce possible ?
— Hélas ! dit le prince, il faut donc retourner parmi les hommes.