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longue résignation, il se souviendra de tout ce que j’ai souffert pour lui ; son cœur s’attendrira, il m’aimera ; je finirai ma vie heureuse près de lui ; je serai la mère de ses enfants.

Bientôt les bruits de guerre s’affirmèrent. L’inquiétude envahit les cœurs, la vie de l’absent était en péril,

— Où est-il en ce moment ? disait Fatkoura.

— Il est au poste le plus périlleux, j’en suis sûr ! répliquait le vieux seigneur.

Il disait cela avec orgueil en redressant la tête, mais sa voix tremblait et des larmes lui venaient aux yeux.

Les nouvelles se précisèrent. Les princes de Figo et de Toza menaçaient Osaka ; ils menaçaient aussi la province de Nagato.

Le père d’Ivakoura mit l’armée sur pied ; il envoya des troupes vers les frontières.

— Nous avons un allié, le prince d’Aki, disait-il, d’ailleurs on ne nous attaquera pas, ce n’est pas à nous qu’on en veut.

Il se trompait. Les soldats envoyés par lui n’avaient pas encore atteint les limites du royaume que déjà le prince de Toza débarquait sur les côtes de la mer intérieure.

Plein d’inquiétude, le prince fit parvenir une députation au seigneur d’Aki, son voisin. Celui-ci déclara qu’il désirait rester neutre dans cette guerre.