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des soldats, eut un projet propre à rendre la victoire décisive s’il produisait l’effet qu’il en attendait.

Il courut au bord de la rivière de l’Oie-Sauvage et cria aux soldats qui gardaient la forteresse :

— Faites paraître le mikado au faîte de la tour.

Sa pensée fut comprise, on se hâta d’aller chercher Go-Mitsou-No, on l’amena presque de force, plus mort que vif, sur la tour la plus haute du château.

La déesse Soleil sembla jeter tous ses rayons sur cet homme divin dont elle n’était que l’égale ; les robes rouges du mikado resplendirent, la haute lame d’or de sa couronne étincela sur son front.

— Le Fils des dieux ! le Fils des dieux ! cria-t-on.

Les soldats levèrent la tête : ils virent cet éblouissement de pourpre et d’or au sommet de la tour, l’homme qu’on ne devait pas voir, celui qu’un prestige effrayant environnait et qu’ils venaient d’outrager ; ils crurent que le mikado allait prendre son vol et quitter la terre pour la punir de la méchanceté des hommes.

Ils jetèrent leurs armes et se précipitèrent à genoux.

— Grâce ! criaient-ils, ne nous quitte pas ; que deviendrions-nous sans toi ?