Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dit le général ; mais, sans ton secours, je n’aurais sans doute pu parvenir à forcer les rangs ennemis.

— Eh bien, maintenant conduis tes hommes vers la forteresse, tandis que je vais retenir ici aussi longtemps que possible nos adversaires.

Le général s’éloigna.

Les soldats d’Hiéyas revenaient ; le commencement de panique s’était calmé ; par toutes les ruelles de gauche, ils attaquèrent la rue qui les séparait de la rivière ; on les reçut par des coups de fusil et des volées de flèches ; ils reculaient, puis ils revenaient.

— Il faut barricader ces ruelles, dit le prince.

— Avec quoi ?

Les maisons hermétiquement closes semblaient mortes, leur seul aspect muet et aveugle faisait comprendre que frapper serait inutile et n’éveillerait aucun écho dans l’âme des habitants terrifiés.

On arracha les volets, on effondra les fenêtres, les maisons furent envahies, une sorte de pillage commença, on jetait tout au dehors ; des paravents, des vases de bronze, des coffres de laque, des matelas, des lanternes. Avec une rapidité étonnante tout cela allait s’accumuler pêle-mêle à l’entrée des ruelles. Un marchand de thé fut entiè-