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ruelle qui s’ouvre sur elle ; maintenant il faudrait faire savoir aux soldats de Yama-Kava qu’ils doivent s’efforcer de se joindre à nous.

Raïden s’élança, une grêle de flèches l’enveloppa, son cheval s’abattit, le matelot se releva, il était blessé, mais il put atteindre l’autre côté du carrefour.

Une décharge de mousquets éclata et fit tomber beaucoup d’hommes. Un espace vide se formait devant la rue occupée par le prince, les soldats ennemis se réunissaient autour de leurs chefs, ils se concertaient ; ils étaient d’avis de se reployer dans les rues avoisinantes et d’abandonner la place.

Ils exécutèrent ce mouvement, c’était presque une retraite.

Rien n’était plus facile, désormais, pour les hommes de Yama-Kava, que d’opérer leur jonction avec ceux de Nagato. Les premiers traversèrent la place au pas de course et s’engagèrent dans la rue conquise. Bientôt leur général apparut lui-même, à cheval, masqué, cuirassé de corne noire, la lance à la main.

— C’est le seigneur de Nagato ! s’écria-t-il en reconnaissant le prince. Je ne m’étonne plus alors d’avoir vu les ennemis si rudement repoussés. La victoire semble être ta captive.

— S’il est vrai que je l’ai enchaînée, puisse-t-elle ne jamais recouvrer la liberté ! dit le