même, elle se souvenait du temps où le bonheur d’être aimée emplissait son âme, et elle pleurait abondamment.
Mais ces larmes ne la soulageaient pas.
— Je suis folle ! disait-elle ; c’est sur son épaule que je voudrais pleurer ; c’est dans ce cœur cruel et froid que je voudrais verser ma douleur !
Puis la colère lui revenait.
Elle atteignit la ville d’Hagui, située au bord de la mer du Japon. Elle franchit la porte magnifique de l’antique forteresse des princes de Nagato.
Dans la première cour, le père d’Ivakoura vint au-devant d’elle ; il la salua amicalement.
— Princesse de Nagato, dit-il, sois la bienvenue chez toi.
Ce seigneur avait soixante ans ; il était droit, fort. Dans la noblesse de ses traits la jeune femme retrouvait quelque chose du visage d’Ivakoura. Depuis plusieurs années le vieux prince avait abdiqué sa puissance en faveur de son fils aîné ; il s’occupait de l’éducation de son plus jeune fils, un enfant de treize ans, debout près de lui en ce moment, et sur la tête duquel il appuyait sa main.
Fatkoura fut obligée de sourire encore et de paraître joyeuse. Elle cacha sa bouche derrière la manche de sa robe, avec ce mouve-