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Le reste du voyage fut silencieux. La fièvre avait saisi Nagato, la fraîcheur de l’aube prochaine le faisait frissonner, et il commençait à se sentir affaibli par la perte de son sang.

Lorsqu’on atteignit les portes d’Osaka, le jour se levait.

Tsusima prit dans l’arçon de sa selle une petite cassette de cristal, fermée par un cordon de soie savamment noué.

— Voici, prince, dit-il ; la lettre précieuse est enfermée dans cette boîte. Au revoir. Puissent tes blessures se guérir promptement !

— Au revoir, dit Nagato, merci encore d’avoir risqué ta précieuse vie pour la mienne qui vaut peu de chose.

Après avoir salué toute la petite troupe des cavaliers, Nagato s’enfonça sous une des portes de la ville et, piquant son cheval, il eut bientôt gagné le palais.

Lorsque Loo vit arriver son maître, pâle comme un fantôme et couvert de sang, il tomba à genoux et demeura stupide d’étonnement.

— Allons, lui dit le prince, ferme ta bouche stupéfaite et relève-toi, je ne suis pas encore mort. Appelle mes serviteurs et cours chercher le médecin.