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L’USURPATEUR

Il replongea la missive royale dans son sein et regarda autour de lui. À une cinquantaine de pas en avant, un groupe d’arbres jetait son ombre en travers de la route. Nagato crut voir quelque chose remuer dans cette ombre. Il saisit la pique attachée à sa selle et poussa son cheval qui bronchait et n’avançait qu’à regret.

Bientôt le prince n’eut plus de doutes : des hommes armés l’attendaient là au passage.

— Comment, encore ! s’écria-t-il. Le régent tient décidément beaucoup à se débarrasser de moi.

— Cette fois, il ne te manquera pas, répondit l’un des assassins en lançant son cheval vers le prince.

— Tu ne me tiens pas encore, dit Nagato en faisant faire un écart à sa monture.

Son adversaire, emporté par l’élan, passa près de lui sans l’atteindre.

— Fou que je suis, murmurait le prince, d’exposer ainsi ce précieux message aux hasards de ma fortune.

Les sabres nus brillaient autour de lui, les assaillants étaient si nombreux qu’ils ne pouvaient approcher tous à la fois de celui qu’ils attaquaient.

Nagato était le plus habile tireur de tout le royaume, il était plein de sang-froid et d’audace. Faisant tournoyer sa pique il rompit