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plendissants, ayant aux épaules des ailes d’oiseaux ou de papillons et sur le front de longues antennes qui tremblent doucement au-dessus de leur couronne d’or, découpée à jour ; elles exécutent une danse lente, molle, pleine d’ondulations et de balancements, puis, leur pas terminé, elles forment des groupes des deux côtés de la scène, tandis que des danseurs comiques, affublés de faux nez et de costumes extravagants, font leur entrée et terminent le spectacle par une danse échevelée où abondent les coups et les chutes.

Depuis le commencement de la représentation le prince de Nagato s’était adossé à une muraille, près du théâtre, et, à demi caché dans les plis d’une draperie, tandis que tous les regards étaient fixés sur la scène, il contemplait éperdument la souveraine, souriante et radieuse.

Il sembla que la reine sentit peser sur elle ce regard ardent et tenace, car une fois elle tourna la tête et arrêta ses yeux sur le prince.

Celui-ci ne baissa pas les paupières, un charme tout-puissant l’en empêcha : ce regard, descendant vers lui comme un rayon de soleil, le brûlait. Un instant il se crut fou, il lui sembla que la Kisaki, imperceptiblement, lui souriait. Elle baissa aussitôt les yeux et regarda le bracelet enroulé à son